Rémi CARDON

Sénateur de la Somme

Le lin, une filière d’avenir

La CALIRA, coopérative agricole linière de la région d'Abbeville, est un modèle très prometteur dont l'agriculture samarienne pourrait s'inspirer d'avantage

Une spécialité locale, très peu voire aucun apport phytosanitaire, aucune irrigation, une valorisation jusqu’à 100% du produit, des revenues pouvant être intéressant… que demander de plus?

Le lin est en effet une des spécialités de notre région.
80% du lin mondial est produit entre le Calvados et Amsterdam. La Somme, et ses 800 agriculteurs déjà convaincus, a une place non négligeable dans la production de cette plante maritime particulièrement adaptée à notre région.

De nombreux co-produits: fibres longues, fibres courtes, anas ou graines…
Les débouchés sont nombreux. Le produit phare, délivrant 80% du chiffre d’affaire, est la filasse ou la teillée, autrement dit les fibres longues obtenues à l’issue du teillage (battage mécanique). Ces fibres sont particulièrement adaptée à la production de textile. Les fibres courtes peuvent être mélangées à de la laine ou à des produits synthétiques, être utilisées en papeterie (papier cigarette ou de billet de banque) ou en matériaux d’isolation. L’anas (bois de lin) peut lui être utilisé pour l’élaboration de panneaux de particules pour la construction (aggloméré), pour créer des pellets de paillage ou de combustible, voire pour de la litière de chevaux. Par ailleurs, une partie de la production est dédiée à la production de graines pour la production de l’année suivante. D’autres régions se spécialiseront dans la production de lin oléagineux pour obtenir de l’huile mais il s’agit d’une tout autre espèce qui dans ce cas ne produira pas de fibres. On ne peut pas tout avoir!

Une filière exigeante : terre riche, matériel agricole spécifique, savoir faire à acquérir, rotation des cultures indispensable…
Le lin permet donc une valorisation totale de la plante mais cet atout indéniable exige en contrepartie un climat particulièrement propice avec notamment des pluies estivales, une terre riche d’au moins 60cm de profondeur. Notre territoire propose naturellement ces conditions. Afin de ne pas épuiser les sols, le lin doit s’inscrire dans une rotation des cultures et n’est donc cultivé qu’une fois tous les 6 ans. Le lin exige aussi un matériel et des pratiques spécifiques avec un investissement en main d’œuvre plus important que d’autres cultures. Tout n’est donc pas rose.

Une véritable entraide: coopératives, promotion commune, recherche génétique mutualisées…
Nos agriculteurs se sont donc réunis et se sont dotés de coopératives: CUMA (Coopérative d’Utilisation du Matériel Agricole) pour le partage du matériel et Coopérative plus importante, comme la CALIRA, pour mutualiser des moyens de teillage qui fonctionnent toute l’année. Les coopérations ne s’arrêtent pas au seul matériel puisque chaque agriculteur cotise et permet une promotion commune de la filière ainsi que le financement de recherches et sélections génétiques. Le potentiel d’amélioration serait immense puisque le progrès génétique aurait rapporté 50€ à l’hectare par an.

Le potentiel est immense.
Par sa légèreté et ses propriété mécaniques, le lin est une alternative à certaines fibres synthétiques dans les matériaux composites. Et pour rester dans des applications plus ordinaires, on peut rappeler que seulement 0,4% du tissus mondial est fait à base de lin. On peut se prendre à rêver que toute la filière, jusqu’aux machines de filature, reviennent dans nos contrés. D’ici là, sûr du potentiel à court terme, la CALIRA porte un projet d’extension avec 2 nouvelles lignes de teillage et 35 emplois locaux à la clé.

La CALIRA en quelques chiffres:
– 110 salariés
– 10000 hectares
– 46 M€ de Chiffre d’affaire

Nous remercions MM Antoine BERTHE et Vincent DELAPORTE, respectivement Président et Directeur de la CALIRA, pour leur accueil.

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