Rémi CARDON

Sénateur de la Somme

Vers une crise TOTALe ?

« Crise énergétique » avec notamment la fin de l’approvisionnement en gaz russe, « crise sociale » avec notamment la grève dans les raffineries, « crise démocratique » avec le recours au 49.3 avant même la fin des débats parlementaires, notre pays vit une période plutôt agitée.

Je m’interroge sur le concept même de ces « crises » que nous pourrions espérer provisoires et indépendantes. Car une « crise », est implicitement temporaire et laisse envisager un retour à la situation initiale voire idéale. A l’image de la malnommée « crise climatique », je pense que nous sommes à l’aube d’une mutation plus profonde et plus structurelle.

La « fin de l’abondance », évoquée par le Président de la République, entraînera forcément des conséquences sociales et sociétales, et nos choix politiques en la matière nécessitent une démocratie pleine et entière. Les changements potentiellement conséquents, surtout sur nos modes de vies, ne seront acceptables et acceptés que si, et seulement si, ils s’accompagnent d’une grande justice sociale. Et, nous devrons certainement pour cela nous interroger sur nos valeurs.

Tout cela n’est pas sombre pour autant. Ces crises et leur débats associés permettent de mettre en évidence que d’autres choix sont possibles. Le clivage droite-gauche, que certains ont cru trop vite dépassé, reprend vie en cette période troublée. Incarnée par le chef de l’Etat, la pseudo-synthèse ultime n’a finalement pris sens que dans sa dérive libérale, démontrant une nouvelle fois à contrario la permanence de ce clivage et des luttes qui animent notre société.

Le gouvernement a ainsi choisi de réquisitionner les salariés grévistes quand d’autres auraient voulu le voir réquisitionner les supers-profits ou les supers-dividendes. Devons-nous nous étonner davantage des salaires des ouvriers travaillant en horaire décalé sur le site Seveso d’un immense groupe industriel, ou de la rémunération extravagante de leur dirigeant?

Le juste partage de la richesse produite par une entreprise exploitant une matière fossile et polluante est un vaste sujet politique voire philosophique auquel je vous invite à réfléchir. Car si comme vous, je souhaite que la Somme ait de l’avenir, je sais que, comme moi, vous souhaitez tout autant, qu’il en soit de même pour la France et l’humanité.

Cet édito est issu de la newsletter de novembre 2022

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