Rémi CARDON

Sénateur de la Somme

Un renouvellement dans la continuité

Pour cette rentrée, c’est donc un nouveau Sénat renouvelé par moitié qui va participer au débat parlementaire de notre pays. Cette actualité, pourtant importante pour le fonctionnement de notre démocratie, est malheureusement à relativiser sur bien des aspects.  

Tout d’abord, malgré ces élections, le Sénat ne change pas beaucoup : même Président, même équilibre politique en son sein… Nous noterons néanmoins un léger rajeunissement et une légère féminisation qui accompagnent l’essor modeste mais réel des forces de gauche.  

Ensuite, la situation de notre pays en cette rentrée est quand même plus qu’inquiétante : l’inflation grignote le pouvoir d’achat, les queux devant les banques alimentaires nous font honte, et à l’image de la maternité de Péronne, le monde hospitalier est à bout. La bulle politico-médiatique autour de l’abaya n’aura pas fait oublier que la rentrée des classes s’est parfois faite sans professeur devant nos enfants. Et, en parlant du monde éducatif, la barbarie islamiste est venue frapper et assassiner pour la deuxième fois en trois ans, un professeur de notre école publique, fondement de notre République. 

A tout cela s’ajoute une température moyenne mondiale qui serait d’ores et déjà à 1,4° au-dessus de la moyenne préindustrielle, soit quasiment l’objectif de l’accord de Paris prévu pour 2100. Le réchauffement climatique ne change en rien la priorité de la rénovation thermique de nos logements bien au contraire. A la précarité énergétique et l’inconfort des « passoires thermiques » s’ajouteront les problématiques de « bouilloires thermiques » lors des épisodes caniculaires. 

Tout cela devrait galvaniser les débats parlementaires, renforcer le sentiment d’urgence d’agir, pour réduire les inégalités sociales et mieux préserver notre planète. Et pourtant, on nous promet déjà le recours au 49.3 pour l’adoption du budget, et à la procédure accélérée pour traiter le projet de loi Immigration, ce qui fragiliserait encore le fonctionnement démocratique de notre pays et l’utilité même de nos débats. 

Pas très étonnant dans ce contexte, que le moral des Français soit aussi sombre, que le sentiment de déclin de notre Pays soit autant partagé par une part grandissante de nos concitoyens et que, par voie de conséquence, le vote d’extrême droite paraisse un recours probable. 

L’actualité internationale enfin, finit de faire relativiser « l’actualité du Sénat ». Les mots nous manquent pour qualifier les atrocités qui interviennent dans le conflit israélo-palestinien. La bataille sémantique autour des « actes terroristes » ou des « crimes de guerre », ne doivent pas nous faire oublier avant tout l’indéfendable horreur qui frappe les populations civiles, et pour être précis, toutes les populations civiles. 

Les enjeux sociaux et environnementaux peuvent parfois sembler dérisoires face au péril des attaques terroristes ou des conflits armés. Je ne peux m’empêcher de croire que l’insécurité sociale entraine une insécurité totale, et qu’une meilleure équité et la préservation de la nature ne peuvent qu’apaiser les tensions au sein de nos sociétés. Le combat des idées est loin d’être terminé. 

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