Rémi CARDON

Sénateur de la Somme

On prend les mêmes et on continue?

En ce début d’année, et après des débats budgétaires expédiés à coup de 49.3, cette rentrée est assez animée. Il faut dire qu’on nous avait annoncé rien de moins qu’un “rendez-vous avec la nation”. Certains s’étaient mis à rêver d’un référendum ou tout autre exercice démocratique de grande ampleur, nous sommes restés sur notre faim mais nous avons eu droit à d’autres surprises.

Le rendez-vous avec la nation s’est donc transformé en une triste et longue conférence de presse. Et pourtant la nation avait des attentes légitimes et sérieuses sur de nombreux sujets : l’Hôpital, où localement l’ouverture d’un nouveau bâtiment à Abbeville ne fera pas oublier la fermeture de la maternité de Péronne ; le pouvoir d’achat, où après avoir annoncé que le prix de l’électricité n’augmenterait pas de 10%, Bruno Lemaire annonce sans rougir que ce ne sera que de 9,8% ; l’Ecole, où nous sommes amenés à faire du job-dating pour recruter des enseignants qui nous manquent en 30min ; et j’en passe.
La “surprise”, toute relative de ce début d’année, fut le remaniement ministériel bombardant le jeune Gabriel Attal à Matignon. A part ça, nous avons eu droit à une grande démonstration de la politique environnementale de notre Président de République avec un recyclage exemplaire des ministres sortants mêlés à d’anciens ministres sarkozistes.
Amélie Oudéra-Castéra fait mentir tous ceux qui pensaient qu’elle avait hérité d’un portefeuille ministériel bien trop large, en particulier en cette année de jeux olympiques à Paris. Elle est omniprésente, collecte les casseroles et a permis malgré elle de mettre à l’agenda le débat sur la fracture sociale que peut représenter la scolarisation dans le privé. Sans mettre tous ces établissements dans le même sac, il est malheureusement temps de constater que certains permettent un entre-soi d’une classe privilégiée se mettant volontairement en marge de la société. Il est assez cocasse de remarquer que ces mêmes personnes accusent de communautarisme et pointe du doigt l’entre soi que les plus précaires se retrouvent ainsi à former dans les quartiers que ces premiers auront fuis.
Pas étonnant que le gouvernement aient sans complexe fait l’union de toutes les droites pour écrire et voter une loi immigration indigne du pays des droits de l’homme. Seule la soi-disant aile gauche du gouvernement fut remerciée, il faut dire que certains d’entre eux avait osé exprimer leur inconfort suite à l’adoption de ce texte. Je salue la démission d’Aurélien Rousseau qui aura eu le courage de quitter son poste face à l’absurdité et au populisme abject que représente la suppression de l’AME.
Nous ne regretterons pas le départ d’Oliver Dussopt, ancien ministre du travail, qui aura fait passer en force une réforme des retraites particulièrement injuste. Acquitté par la justice pour son affaire de favoritisme, et contrairement à Mme Dati qui entre au gouvernement, il n’est plus mis en examen. C’est à croire qu’il n’a donc plus les compétences pour exercer une responsabilité ministérielle.
Enfin, aveu de faiblesse ou d’échec, et alors qu’il est en poste et reconduit au ministère de l’agriculture depuis 20 mois, Marc Fesneau annonce que le projet de loi sur lequel il travaille depuis des mois n’est pas le bon. Il doit être complété d’un volet “simplification”. Il est quand même regrettable de devoir bloquer une autoroute pendant des jours pour devoir être entendu.
En cette période de voeux et de bonne résolution, espérons que ce nouveau gouvernement prendra celle de mieux écouter et prendre en compte celles et ceux qui ont fait barrage au Rassemblement National.

Cet édito est issu de la newsletter de février 2024:

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