Rémi CARDON

Sénateur de la Somme

Le Front républicain l’emporte

Après la dissolution de l’Assemblée nationale, pari aussi soudain qu’irresponsable du Président de la République, notre pays entre dans une séquence inédite. Si l’incertitude règne encore à l’heure où j’écris ces mots sur le forme que prendra le prochain Gouvernement, nous pouvons d’ores et déjà tiré quelques leçons de ce scrutin.

Et, si le pire a été évité, je ne peux pas minorer la progression de l’extrême-droite. En Picardie, la chute est rude. Le RN compte désormais 13 députés sur 17, soit 5 de plus qu’en 2022. Dans la Somme, un troisième député RN a été élu malgré son parachutage et sa méconnaissance totale du territoire. Les élus locaux sont pour la grande majorité sous le choc, totalement hébétés. Que faire quand une majorité de sa population a choisi un député à ce point éloigné de ses valeurs, et comment travailler avec lui ? Sur le terrain, les élus, qui œuvrent au quotidien à l’intérêt général, perçoivent et entendent la colère et le sentiment de déclassement voire de relégation de leur population. Ils comprennent donc le vent de « dégagisme » et la volonté de « faire tomber » ceux qui nous gouvernent. Mais plusieurs d’entre eux que j’ai eu l’occasion de rencontrer entre les deux tours ont évoqué le côté « irrationnel » que peut représenter un vote aussi massif pour le Rassemblement national sur notre territoire.

Nous pouvons nous hasarder à quelques explications même si des questionnements demeurent. Bien sûr, les xénophobes restent acquis à ce parti d’extrême droite, mais le Rassemblement national a su séduire bon nombre de laborieux qui ont du mal à boucler les fins de mois et qui perçoivent les plus malheureux qu’eux comme des profiteurs.

Le RN assemble in fine un électorat de droite et un autre traditionnellement de gauche. Irréconciliables en théorie, ils ont pour seul point commun d’avoir le sentiment d’être incompris. Si les élus locaux se défendent bien souvent de faire de la politique, je remercie et félicite celles ceux qui ont fait preuve d’un certain courage à sortir de leur réserve en appelant au front républicain. C’est la somme de toutes ces prises de position en faveur de la République qui a permis de sauver notre démocratie et nos valeurs du naufrage.

Avec une majorité relative acquise au Nouveau Front Populaire, j’ose croire que nous entrons dans une période d’espoir pour une grande partie de la population . Mais la tache à accomplir est immense et nous devrons faire preuve de responsabilité pour ressouder un pays plus que jamais fragmenté.

Il reste à refonder un projet collectif pour notre pays et proposer l’alternative que les français attendent depuis 7 ans avec en son coeur les services publics, l’éducation, la santé et les collectivités locales. Je m’y emploierai avec toute mon énergie et le ferai dans la clarté et avec l’esprit de responsabilité qu’exige ce moment de l’Histoire de notre pays.

Cet édito est issu de la newsletter du 8 juillet 2024:

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