Rémi CARDON

Sénateur de la Somme

Avant-Projet du Canal Seine Nord

Encore en phase d'avant projet, le Canal Seine Nord Europe se dévoile. Les impacts associés sont importants et nécessite toute notre vigilance.

C’est à l’occasion de 2 réunions, le 27 avril à Nesle et le 12 mai à Péronne, que la société du Canal Seine-Nord-Europe (CSNE) est venu faire un point d’avancement avec les élus locaux et le monde agricole. Notre département est fortement impacté par ce projet colossal aux conséquences multiples.

Réseau fluvial européen à grand gabarit
[illustration extraite du site internet de la société CSNE]

Un projet pharaonique
A l’image des bateaux qui pourront y naviguer (jusqu’à 185m de long pour 11m de large), ce projet est tout simplement pharaonique et annonce des chiffres démesurés. Malgré une utilisation importante des remblais pour combler une partie de l’actuel Canal du Nord (CDN), ce n’est pas moins de 5 millions de m3 de remblais qui vont devoir être gérés. Le projet prévoit la création, à proximité de Péronne, d’une immense retenue d’eau de 65 hectares et 14 millions de m3. Deux écluses vont également être créées (dont une pour connecter le CSNE au CDN) ainsi que le d’ores et déjà célèbre pont-canal de la Somme. Quand tout sera terminé, il faudra une période d’au moins 9 mois pour que l’Oise remplisse le canal. Les impacts sont inévitablement importants mais visiblement pris en compte.

La préservation de l’environnement
Des impacts significatifs n’ont pu être évités notamment sur les zones humides de Fontaine des Billes et de la Motte sur les communes de Villers-Carbonel et de Barleux. Ce sont donc environ 25 hectares qui vont devoir être aménagés pour compenser ces impacts. Des berges lagunées seront ainsi crées le long du canal pour créer un habitat aux espèces aquatique. Dans le même esprit, nous noterons la restauration programmée de 50 hectares de zone boisée. Enfin, le projet du CSNE présente une restauration très intéressante de la Tortille, qui avait été particulièrement malmenée lors de la construction du CDN.

La préservation des terres agricoles
Un autre impact environnemental évident, compte tenu de la quantité de remblais mis en œuvre, concerne les terres agricoles. Cet aspect suscite de très gros débats. En effet, deux gros sites de dépôt de remblais seront remis à l’agriculture, à Biaches, et à Étricourt-Manancourt. Pour l’heure, la société du canal se veut rassurante et assure que les terres arables seront conservées et recouvriront les remblais. Elle garantie également une mise en œuvre avec une pente limitée à 7% pour permettre l’exploitation.

Des opportunités pour le territoire
En première retombée évidente pour notre territoire, Péronne et Moislains vont être équipées d’un quai et d’un bassin de virement et devrait bénéficier du trafic fluvial. Moins attendu, mais cohérent avec la restauration des milieux naturels, la société du canal travaillerait avec la fédération de la pêche et prévoit l’ajout de pontons de pêche. Un port de plaisance doit également voir le jour à Allaines dans un bras mort du CDN. A proximité d’équipements à forte valeur (écluses et pont-canal) le secteur d’Allaines pourrait bénéficier du développement d’activités touristiques.

Une vigilance indispensable
De nombreux points annexes mais néanmoins importants restent à définir. Les élus locaux se sont montrés particulièrement inquiets quant à l’entretien sur le long terme des aqueducs annexes. De même, si les 6 rétablissement des routes départementales sont bien évidemment prévus, le développement des intermodalités restent à définir avec les collectivité locales (interco et département). L’accroissement prévisible du trafic routier dans Moislains lié à la présence des silos céréaliers Advitam pourrait avoir des effets indésirables qui nécessiteront d’être accompagnés par ces mêmes collectivités. Les élus locaux ont donc tout leur rôle à jouer d’ici la validation de l’Avant-Projet en conseil de surveillance au mois de septembre prochain puis tout au long du projet.

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