Rémi CARDON

Sénateur de la Somme

La jeunesse peut attendre (?)

Le 12 juillet dernier, le Président de la République annonçait la création d'un revenu d'engagement pour les moins de 25 ans. Cela devait finaliser et compléter enfin la Garantie Jeune qui n'avait de "universelle" que le nom. C'est non sans une certaine amertume que nous constatons aujourd'hui que ce projet est une nouvelle fois repoussé. Le RSA jeune n'est pas une solution parfaite mais aurait pu être en place depuis des mois. Le gouvernement perd du temps à chercher une meilleure solution, mais cherche-t-il vraiment?

Afin de répondre à une grande urgence sociale, je proposais en janvier dernier, non sans certaines réserves, l’extension du RSA aux moins de 25 ans. Notre jeunesse était alors, crise sanitaire oblige, privée d’exercer les petits boulots qui lui permettent de (sur)vivre et faisait la queue devant les banques alimentaires. Le gouvernement a cru bon alors de nous expliquer que RSA jeune n’était pas assez bien et nous annonce depuis une « garantie jeune universelle ». Cherchez l’erreur, ce dispositif propose seulement 200 000 places pour plus d’un million de jeunes en grande difficulté sociale.

Visiblement conscient de la faiblesse du dispositif « universel », à moins qu’il soit purement cynique et qu’il voulait simplement amadouer les français lors de l’annonce des restrictions sanitaires ayant instauré le pass sanitaire,  le président de la République lui-même a annoncé le 12 juillet dernier la création d’un revenu d’engagement pour les jeunes de moins de 25 ans.

Aujourd’hui, le Président fait campagne avec l’argent de l’État et distribue des chèques presque quotidiennement. Et en même temps, le gouvernement est en pleine reculade et reporte encore à plus tard la mise en place d’un vrai minimum jeunesse qui permettrait de limiter les inégalités de destin. Pour mémoire la reproduction sociale est plus forte au pays des droits de l’homme, où tous les citoyens naissent égaux, que dans la moyenne des pays de l’OCDE.

En France, il faut 6 générations pour qu’un enfant pauvre s’élève dans l’échelle sociale

Considérer qu’il est du ressort de la famille de subvenir aux besoins des jeunes, entretient nécessairement les inégalités sociales. Que dire des jeunes en rupture familiale qui se retrouvent sans ressources et dont les conditions de vie, voire l’espérance de vie, se dégradent scandaleusement.

Le gouvernement a toutes les cartes en mains pour prendre enfin en considération la jeunesse de notre pays. Je déposerai avec le groupe socialiste les amendements nécessaires lors de l’examen du Projet de Loi de Finance (PJLF) si Mme Borne, visiblement minoritaire au sein du gouvernement, est en difficulté sur ce dossier.

Car, si comme elle le dit: « le travail est en cours« , il reste pas mal de zones d’ombre et je n’ai malheureusement pour l’heure pas eu toutes mes réponses à mes questions.

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