Depuis plusieurs semaines, la France et l’Europe sont secouées par la manifestation d’une colère profonde du monde agricole, colère qui trouve ses origines dans une crise structurelle appelant à des réformes d’ampleur.
À l’approche des élections européennes et dans un contexte politique très difficile pour le Gouvernement, cette crise est instrumentalisée par certains qui y voient l’opportunité de faire de la démagogie en avançant trop souvent des causes fallacieuses.
Les sénateurs du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain (SER) appellent fermement à ne pas se tromper de diagnostic ! Cette explosion de la colère agricole n’est pas une surprise et il est plus que jamais nécessaire de rappeler que la sonnette d’alarme est tirée depuis de nombreuses années.
Cette crise est avant tout économique et commerciale à l’heure où les géants de l’industrie et de la distribution agroalimentaires mènent une guerre des prix toujours plus forte dont les premiers perdants sont toujours les agriculteurs.
Le pacte vert européen, le verdissement de la PAC ou les normes environnementales ne sont pas imputables aux difficultés majeures des agriculteurs.
À l’heure de la crise climatique qui nous frappe, la préservation de notre environnement et de notre santé ne doivent pas être sacrifiées sur l’autel du libéralisme économique.
Or, les annonces faites par le Premier ministre le 26 janvier peuvent, à ce titre, nous inquiéter. Comme nous le craignions, le « choc de simplification » annoncé se concentre quasiment exclusivement sur les questions environnementales. Tout se déroulera par voie réglementaire, ce qui nécessite des éclaircissements et surtout de réelles concertations avec l’ensemble des parties prenantes. Une fois de plus, le Parlement sera privé de débats.
En somme, ces annonces nous laissent sur notre faim et une grande partie du monde agricole partage ce diagnostic. Le Gouvernement manque une nouvelle fois d’une vision d’ensemble et d’un projet mobilisateur fondé sur la triple performance « économique, sociale et environnementale » d’une agriculture s’inscrivant pleinement dans la transition écologique. Il répond au coup par coup, tentant tant bien que mal de mettre sous le tapis l’échec cuisant de certaines de ses propositions, à l’instar du gaz non routier (GNR) ou des relations commerciales.
Pour notre part, avec les sénateurs SER, nous militons depuis des années en faveur d’une véritable transition de notre modèle agricole vers davantage de durabilité et de reconnaissance du travail rendu, conditions indispensables pour offrir des perspectives à nos agriculteurs et réveiller les vocations à l’heure où la moitié des agriculteurs partira à la retraite dans les dix ans.
Nous appellons donc, aujourd’hui au lancement de nombreux chantiers pour apporter une réponse durable et crédible à la hauteur des attentes du monde agricole et en phase avec les attentes sociétales. Retrouvez notre livret et ses 10 propositions en détail ci-dessous ⬇️
Souveraineté alimentaire, transition agroécologique et préservation d’une agriculture familiale à taille humaine sont compatibles si nous nous en donnons les moyens et surtout un véritable projet politique.
Les sénateurs SER s’engagent depuis des années dans cette voie et continueront à le faire sans baisser les bras. Nous espérons désormais que le Sénat acceptera de constituer au plus vite notre commission d’enquête qui pourrait être le point de départ utile à une remise à plat du système actuel qui montre clairement ses limites.