Quatorze journées où le Gouvernement a ignoré, méprisé voire malmené les manifestants. Il faut dire que ces derniers étaient quand même lourdement équipés et armés de casseroles et autres « dispositifs sonores portatifs » que le ministère de l’intérieur a voulu non sans peine faire interdire. Sur le plan législatif, ce ne fut guère plus réjouissant. Jamais le droit de l’opposition à s’exprimer n’aura été autant empêché.
Et, même si la majorité a usé de recours légaux, la jurisprudence et l’usage parlementaire était jusqu’à présent bien plus permissif puisque le vote permettait de trancher sans trembler. Aujourd’hui le Gouvernement a peur du vote et l’a donc fait empêcher, au détriment de la séparation des pouvoirs. Même si le combat continuera d’une manière ou d’une autre, le climat social reste particulièrement tendu.
Est-ce ce climat social qui est à l’origine de l’engouement sécuritaire qui envahit le palais du Luxembourg ? L’activité sénatoriale ne s’est pas arrêtée en attendant l’examen de la proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites bien au contraire, et malheureusement d’ailleurs. En effet la majorité sénatoriale vient de voter coup sur coup, deux lois qui visent à permettre d’une part l’activation à distance par les services de police des micros et caméras des téléphones portables, et d’expérimenter d’autre part l’usage de la reconnaissance faciale dans l’espace public.
Quant au climat « tout court », il attendra ou devra attendra si l’on en croit la majorité sénatoriale. Ma proposition de loi visant à résorber la précarité énergétique, pourtant saluée par les acteurs de la filière, arriverait visiblement « trop tôt » alors que nous cumulons un retard quasiment criminel pour les générations futures. Entre les deux tours de la présidentielle, le candidat Macron a promis à Marseille, un second mandat qui « sera écologique ou ne sera pas ». Nous savons maintenant qu’il ne le sera pas. Pour preuve, le bien mal nommé projet de loi pour une industrie verte n’améliorera pas notre empreinte environnementale, au contraire. Alors que le Gouvernement nous avait habitué aux allègements fiscaux qui menacent nos services publics, il fait maintenant le choix de la déréglementation et de l’assouplissement des règles environnementales.
Et pourtant, nos services publics souffrent, l’école est à bout de souffle et les hôpitaux contraints de fermer par manque de personnel comme malheureusement à Péronne ! Je dois avouer que j’étais tombé dans le « piège à cons », comme le dit si bien notre Président, de ceux qui pensent qu’une fiscalité plus juste sur les grandes fortunes aurait le double avantage de limiter leur bilan carbone et de financer les services dont la nation a besoin. Ce débat mérite d’être posé et ne peut pas, ou ne doit être balayé d’un revers de main.
Cet édito est issu de la newsletter de juillet 2023